CHAPITRE SIX

« Je n'aime pas ça. je n'aime pas ça du tout, monsieur l'ambassadeur. »

Léonard Masterman, l'ambassadeur havrien sur Grayson, leva la tête en fronçant les sourcils. Le capitaine de vaisseau Michaels s'exprimait rarement ainsi, et il arborait une expression inquiète.

« Bon sang, pourquoi fallait-il qu'ils l'envoient, elle ? » Le premier attaché militaire faisait les cent pas sur le tapis de l'ambassadeur. « De tous les officiers de la flotte manticorienne, il fallait qu'ils nous collent Harrington ! Bon Dieu, on dirait que l'histoire se répète ! » fit-il amèrement. Le front de Masterman se plissa un peu plus.

« Je ne comprends pas bien votre inquiétude, capitaine. Nous ne sommes pas dans le système de Basilic, après tout. »

Michaels ne répondit pas immédiatement, car Masterman était un anachronisme. C'était le rejeton d'une éminente famille législaturiste, un diplomate de carrière qui croyait aux règles de la diplomatie, et les Opérations spéciales avaient décidé qu'il ne devait pas avoir connaissance de l'existence de Jéricho, du capitaine Yu et du Tonnerre divin, partant du principe qu'il jouerait son rôle de façon beaucoup plus convaincante si personne ne lui disait qu'il s'agissait d'un rôle.

« Non, bien sûr, nous ne sommes pas à Basilic. Mais s'il existe un officier manticorien qui a des raisons de nous détester, c'est bien elle. Et puis elle nous a flanqué une sacrée déculottée à Basilic, monsieur l'ambassadeur. Les Graysoniens doivent en avoir entendu parler. Si Courvosier utilise sa présence pour faire valoir la "menace havrienne" contre leur système...

— Laissez-moi m'inquiéter de ça, capitaine, répondit Masterman avec un sourire discret. Croyez-moi, je contrôle la situation.

— Vraiment? » Michaels jeta un regard dubitatif à l'ambassadeur.

« Absolument. » Masterman fit légèrement basculer sa chaise et croisa les jambes. « En fait, je ne vois pas quel officier manticorien je pourrais préférer voir affecté ici. Je suis stupéfait que leur ministère des Affaires étrangères ait laissé l'Amirauté l'envoyer.

— Pardon ? » Michaels haussa les sourcils et Masterman étouffa un rire.

« Envisagez la situation du point de vue de Grayson. C'est une femme et personne ne les a prévenus qu'elle arrivait. Sa réputation, si bonne soit-elle, ne saurait compenser ce détail. Les Graysoniens ne sont pas les Masadiens mais leurs bureaucrates acceptent quand même difficilement l'idée d'avoir affaire au gouvernement de la reine Élisabeth, et Manticore remue le couteau dans la plaie en soulignant encore les différences culturelles qui les séparent. »

L’ambassadeur hocha la tête à l'expression soudain pensive de Michaels.

« Exactement. Quant à Basilic» Masterman fronça les sourcils avant de hausser les épaules. « Je pense que cette opération Hait une erreur, et elle a certes été très mal exécutée, mais contrairement à ce que vous craignez, nous pouvons tourner cela à notre avantage si nous jouons bien nos cartes. »

Le capitaine était visiblement perplexe et l'ambassadeur poussa un soupir.

« Les Graysoniens ignorent ce qui s'est réellement passé à Basilic. Ils ont entendu notre version des faits et celle de Manticore mais ils savent que nous avons tous les deux des arrière-pensées. Ce qui signifie qu'ils ne prendront pas nos explications à la lettre, capitaine, mais leurs propres préjugés contre les femmes en uniforme vont jouer en notre faveur. Ils voudront croire le pire sur son compte, ne serait-ce que pour se donner raison, et le fait que nous n'ayons pas d'officiers féminins pèsera dans leur réflexion.

— Mais nous avons des officiers féminins, protesta Michaels.

— Évidemment, fit patiemment Masterman, mais nous avons pris soin de ne pas les assigner à ce système. Et contrairement à Manticore -- qui n'avait probablement pas le choix, dans la mesure où le chef de l'État est une femme – nous n'avons pas dit aux gens du cru que nous employons des femmes. Nous n'avons pas non plus prétendu le contraire, mais leur sexisme est si profondément ancré qu'ils sont prêts à le présumer tant que nous n'apportons aucun démenti. Donc, pour le moment, ils nous prennent pour une bonne vieille société patriarcale. Notre politique étrangère les rend nerveux mais nos politiques sociales sont bien moins menaçantes que celles de Manticore.

— D'accord, je saisis, acquiesça Michaels. Il ne m'était pas venu à l'idée qu'ils pourraient penser que nous n'avions pas de personnel féminin; je me disais qu'ils nous trouveraient simplement pleins de tact, mais je vois où vous voulez en venir.

— Bien. Mais vous ne vous rendez peut-être pas compte à quel point Harrington est réellement vulnérable. Non seulement elle tient un rôle d'homme, mais elle a aussi été condamnée pour meurtre », précisa l'ambassadeur. Michaels ouvrit de grands yeux.

« Monsieur, sauf votre respect, personne n'ira croire ça. Dieu sait que je ne l'aime pas, mais je sais parfaitement que tout ce procès n'était qu'une opération de propagande.

— Bien sûr que vous le savez, et moi aussi, mais pas les Graysoniens. Je suis parfaitement conscient que ce n'était qu'un procès-spectacle exclusivement destiné aux autres systèmes, et pour être parfaitement honnête j'avoue ne pas aimer ça. Mais c'est fait, alors autant s'en servir. Tout ce que les Graysoniens savent, c'est qu'une cour havrienne a déclaré le capitaine Harrington coupable du meurtre de tout l'équipage d'un transporteur. Bien sûr, Manticore soutient que ce transporteur dissimulait un navire-Q et qu'elle l'a pris la main dans le sac, en plein acte de guerre -- que peuvent-ils dire d'autre ? – mais le fait qu'un tribunal l'a condamnée va prédisposer un certain nombre de gens à la croire coupable : après tout, c'est une femme. Nous n'avons qu'à souligner sa "culpabilité avérée" en termes plus peinés qu'irrités, la désignant comme le résultat catastrophique et naturellement inévitable d'une politique qui consiste à confier le commandement d'un vaisseau de guerre à une femme avec toutes ses faiblesses. »

Michaels hocha lentement la tête. Il nourrissait un vague sentiment de culpabilité, ce qui le surprit, mais Masterman avait raison : les préjugés des habitants de Grayson les rendraient réceptifs à cette histoire qu'aucune planète civilisée n'irait croire un seul instant.

« Vous voyez, capitaine ? fit tranquillement Masterman. Cela va nous permettre de changer la nature du débat qui agite Grayson : au lieu d'envisager sereinement les avantages liés aux proposition de Manticore, ils vont les rejeter instinctivement à cause le leur propre sectarisme. Et s'il y a une chose que j'ai apprise au fil des ans, c'est que lorsque la raison et les émotions s'affrontent, ce sont les émotions qui l'emportent. »

« ... et voici notre centre d'opérations de combat, messieurs. » Andreas Venizelos était petit pour un Manticorien mais il dépassait de plusieurs centimètres les officiers graysoniens à qui il présumait l'équipement efficace et reluisant du vaisseau.

L’amiral Yanakov se retint de regarder trop fixement les superbes instruments, mais il mourait d'envie de les toucher. Le projecteur holographique était large de trois mètres et les écrans plais qui l'entouraient montraient tous les navires dans un rayon de dix minutes-lumière autour de Grayson. Chaque signal lumineux annoté ne représentait pas un groupe de vaisseaux mais bien une unité individuelle, dont la masse et le vecteur vitesse étaient aussi graphiquement indiqués.

Il s'approcha de l'un des soldats et regarda par-dessus son épaule. Malgré sa présence, le jeune homme — ou plutôt l'homme qui avait l'air jeune — ne bougea pas un muscle et Yanakov se retourna vers Venizelos.

« Pourriez-vous faire fonctionner le projecteur holo, capitaine ? »

Venizelos l'observa un instant puis regarda plus loin.

« Commandant? »

Yanakov sentit son expression se figer, puis il se retourna. Le capitaine Harrington se tenait derrière lui, et son visage ne montrait aucune émotion. Il se força à croiser son regard. La sensation d'étrangeté grandissait à chaque fois qu'il apercevait son uniforme et il la soupçonnait d'avoir confié le rôle de porte-parole à son second parce qu'elle aussi s'en rendait compte.

« Cela vous dérangerait-t-il que nous observions le fonctionnement du projecteur holo... capitaine Harrington? » Même à ses propres oreilles, la voix de l'amiral semblait forcée, et il se maudit d'avoir marqué une légère hésitation avant de donner son titre à Honor.

« Bien sûr que non, amiral. » Sa voix mélodieuse de soprano ne fit qu'accroître le sentiment d'irréalité qu'éprouvait Yanakov. Elle sonnait comme la voix de sa troisième femme, et Anna en uniforme... Cette idée l'atterrait.

« Allumez le projecteur, je vous prie, chef Waters, dit-elle.

— À vos ordres, commandant », répondit le second maître avec une sécheresse qui semblait déplacée pour s'adresser à une femme. Mais qui ne l'était pas du tout s'il s'agissait de parler à un officier, se dit Yanakov, presque au désespoir. Bon Dieu, la simple idée d'une femme officier était une contradiction dans les termes !

Le projecteur holo s'anima, et la partie supérieure de l'instrument s'éleva vers le plafond. La grappe d'officiers graysoniens laissa échapper un murmure d'approbation et de plaisir. De petits codes lumineux accompagnaient chaque point : des flèches indiquaient la direction, des lignes pointillées les vecteurs de projection, enfin des caractères alphanumériques informaient sur la puissance, l'accélération et les émissions de capteurs actifs. Ce devait être ainsi que Dieu lui-même voyait les étoiles, et une immense jalousie pour les capacités de ce vaisseau fit frémir le cerveau de Yanakov.

« Comme vous pouvez le constater, amiral (Harrington leva gracieusement la main vers le projecteur), nous opé... »

Elle s'interrompit au moment où le capitaine de frégate Harris, l'officier détecteur de Yanakov, se plaça entre elle et le projecteur afin d'en examiner les symboles de plus près. Sa main resta un instant suspendue, puis elle pinça les lèvres.

« Excusez-moi, capitaine, dit-elle d'un ton dépourvu de toute émotion, je m'apprêtais à montrer quelque chose à l'amiral Yanakov.

Harris se retourna et Yanakov rougit en découvrant son expression froide et méprisante. L'amiral avait peut-être du mal à concevoir qu'une femme puisse être officier supérieur, mais Harris était un conservateur pur et dur. Il allait d'ailleurs répondre nais se retint au signe imperceptible que lui fit Yanakov. Il pinça un peu plus les lèvres mais recula pour permettre à Harrington de poursuivre, laissant son corps exprimer en silence son mécontentement.

« Comme vous pouvez le constater, amiral, reprit-elle du munie ton égal, nous opérons une projection de la portée de feu probable de chaque navire de guerre. Bien sûr, un affichage aussi détaillé peut devenir un handicap pour un contrôle tactique efficace, nous en utilisons donc de plus petits sur la passerelle pour éviter de noyer l'information. Toutefois, il revient au CO de décider quelles menaces nous devons prendre en compte, et... »

Elle continua, ne laissant percer dans sa voix aucune irritation envers Harris pour son comportement insultant. Yanakov écoutait attentivement tout en se demandant s'il n'aurait pas dû lui passer un savon. Il faudrait certainement qu'ils aient une longue conversation en privé, mais aurait-il dû le rappeler à l'ordre immédiatement ? Cela aurait humilié l'officier détecteur devant ses collègues, mais comment les Manticoriens réagiraient-ils à sa retenue ?

Il leva les yeux et surprit le regard d'Andreas Venizelos. La colère qu'il y lut répondit à sa question.

 

« Je sais qu'ils sont différents, Bernard, il suffit d'en tenir compte. » Benjamin Mayhew IX, Protecteur planétaire de Gray-son, coupa une nouvelle rose qu'il déposa dans le panier de son serviteur avant de poser des yeux sévères sur le commandant en chef de sa flotte. « Tu savais qu'ils avaient des femmes en uniforme. Tu te doutais probablement que nous aurions affaire à elles tôt ou tard.

— Évidemment ! » L'amiral Yanakov lança un regard courroucé au panier, sans se soucier de cacher qu'il ne tenait pas l'arrangement floral pour l'art le plus viril auquel un chef d'État pouvait s'adonner. Il était un des rares à ne pas faire un secret de ses sentiments, mais évidemment il était aussi le cousin au cinquième degré du Protecteur Benjamin, et il gardait des souvenirs très clairs d'un enfant qui faisait encore des mares sur les tapis du palais quand lui-même portait déjà l'uniforme.

« Alors je ne comprends pas bien ta véhémence. » Le serviteur se retira sur un geste de Mayhew. « Ça ne te ressemble pas de te plaindre.

— Je ne parle pas en mon nom, répondit Yanakov, un peu raide. J'ai simplement dit que mes officiers n'aimaient pas ça, et je le répète. Et quand je dis qu'ils "n'aiment pas", je suis encore trop gentil, Ben. Ils détestent ça, et d'affreuses rumeurs courent sur les compétences d'Harrington.

— Ses compétences ? Bon Dieu, Bernard ! Cette femme est décorée de la Croix de Manticore ! » Yanakov le regarda, un peu confus, et Mayhew poussa un soupir. « Tu ferais bien de potasser les décorations étrangères, cher cousin. Pour ton information, la Croix de Manticore vaut à peine moins que de l'Étoile de Grayson et on ne l'obtient que pour héroïsme au front.

— L'Étoile de Grayson ? » Yanakov cilla en digérant cette idée. Il semblait impossible que quelqu'un d'aussi jolie et si jeune...

Il se reprit en se maudissant intérieurement. Bon sang, cette femme n'était pas aussi jeune qu'il ne cessait de le croire ! Elle avait quarante-trois années T, à peine douze ans de moins que lui-même, et pourtant...

« D'accord, elle a des tripes, grommela-t-il. Mais je parie qu'elle a gagné cette médaille à Basilic, pas vrai ? » Le Protecteur hocha la tête et Yanakov haussa les épaules. « Alors ça va seulement rendre les officiers qui ne lui font pas confiance plus méfiants encore. » Il rougit en voyant l'expression qu'affichait son cousin mais il s'entêta. « Tu sais bien que j'ai raison, Ben. Ils penseront exactement ce que les Havriens disent haut et fort : que la décorer faisait partie d'un effort de propagande délibéré pour étouffer ce qui s'est vraiment passé quand elle s'est énervée - sans doute parce que c'était la mauvaise semaine du mois ! – et qu'elle a liquidé un navire marchand sans défense. » Il grinça des dents, frustré. « Bon Dieu, s'il fallait qu'ils nous envoient une bonne femme, ils auraient au moins pu en choisir une qui ne traine pas une réputation de meurtrière !

— Ce sont des conneries, Bernard ! » Mayhew lui fit traverser la véranda pour entrer dans le palais, suivi par son garde du corps personnel au visage sans expression. « Tu as entendu la version de Manticore sur les événements de Basilic, et tu sais aussi bien que moi ce que Havre veut dans cette région. À ton avis qui dit la vérité ?

— Manticore, évidemment. Mais le problème n'est pas ce que toi et moi croyons. La plupart de mes hommes ne sont que trop prêts à considérer qu'il est potentiellement dangereux de confier le commandement à une femme. Ceux qui ne pensent pas d'emblée qu'elles se conduisent comme des ogives incontrôlables sont horrifiés à l'idée d'exposer des femmes au combat. Quant aux vrais conservateurs, comme Garret et ses amis, ils ne réagissent pas de façon rationnelle. Ils la considèrent comme une insulte calculée envers notre mode de vie, et si tu crois que j'invente tout ça, tu aurais dû entendre la petite conversation que j'ai eue avec mon officier détecteur ! Dans ces circonstances, la version des faits que donne Havre ne fait que confirmer les inquiétudes de ces trois groupes. Et pas la peine non plus de t'en prendre trop violemment à mes hommes ! Certains de tes civils sont encore pires qu'aucun militaire, et tu le sais bien. Que fais-tu de Jared, par exemple ?

— Ce très cher cousin Jared. » Le dégoût qui perçait dans la voix de Mayhew se lisait aussi sur son visage. Il leva les bras en signe d'impuissance. « Oh, d'accord, tu as raison ! Et le vieux Clinkscales est encore pire. Enfin, lui au moins n'est pas prétendant au titre de Protecteur. » Il s'enfonça dans un fauteuil rembourré. « Mais, Bernard, nous ne pouvons pas nous permettre de voir nos efforts réduits à néant à cause d'un stupide préjugé culturel. Manticore peut faire beaucoup plus pour nous que Havre : le Royaume est plus proche, sa technologie plus performante, enfin il y a beaucoup moins de chances qu'il nous annexe distraitement un beau jour.

— Alors je te suggère de le dire à tes négociateurs, soupira Yanakov.

— Je l'ai fait, mais de nous deux c'est toi l'historien. Tu sais combien le Conseil a rogné l'autorité constitutionnelle du Protecteur ce dernier siècle. Prestwick est un chancelier correct, mais il ne tient pas à faciliter une reprise en main du pouvoir exécutif par ton serviteur. Je pense d'ailleurs que nous avons besoin d'un exécutif plus fort pour gérer tout ce qui se prépare, mais peut-être suis-je un peu partial, vu ma fonction. Le fait est que j'ai plus de prestige que de pouvoir, et certes le clan Mayhew se targue d'avoir encore beaucoup de prestige, mais c'est en très grande part auprès des conservateurs. Or, comme tu viens de le faire remarquer, les conservateurs pensent que toute aide extérieure "menace le mode de vie graysonien" ! Jusque-là, le Conseil me suit et je crois avoir la majorité à la Chambre, mais c'est une courte, très courte majorité, et si les militaires ne me soutiennent pas, je la perdrai. Il faut que tu fasses entendre raison à tes hommes.

— Ben, fit lentement Yanakov, je vais essayer, mais je ne crois pas que tu te rendes bien compte de ce que tu me demandes. » Mayhew se raidit dans son fauteuil mais l'amiral continua de parler. « Je t'ai connu enfant, et j'ai toujours su que tu étais plus intelligent que moi. Si tu dis que nous avons besoin de l'alliance avec Manticore, je te crois. Mais parfois je pense que ton grand-père a commis une erreur en vous envoyant, ton père et toi, étudier dans un autre système. Oh, je sais tout des avantages de cette pratique, mais en cours de route tu as perdu contact avec les sentiments que nourrissent la plupart de nos concitoyens sur certaines questions, et c'est dangereux. Tu parles des conservateurs à la Chambre mais, Ben, ils sont souvent moins conservateurs que la population tout entière !

— J'en suis conscient, répondit calmement Mayhew. Contrairement à ce que tu penses, envisager la situation sous un angle différent me permet de remarquer plus facilement certaines choses — combien il est difficile de changer des attitudes profondément enracinées, par exemple —, et les Mayhew n'ont pas plus envie de devenir les Pahlavi de Grayson que ses Romanov. Je ne propose pas de révolutionner notre société en une nuit, mais c'est de la survie de notre planète qu'il s'agit, Bernard. Nous parlons d’une alliance qui peut nous apporter une industrie moderne et une présence militaire manticorienne permanente que Simonds et ses fanatiques n'oseront pas venir chatouiller. De toute façon, que nous nous engagions ou non avec les Manticoriens, nous n'allons pas pouvoir rester neutres. Je ne donne pas plus d'une année T aux Havriens pour s'en prendre ouvertement à Manticore, et lorsque cela se produira, ils passeront tout droit par notre système s'il n'y a rien ici pour les arrêter. Nous sommes sur leur chemin, Bernard, et tu le sais mieux que moi.

— Oui, soupira Yanakov. Oui, je le sais. Et je ferai de mon mieux, Ben, vraiment. Mais, bon Dieu, j'aurais aimé que Manticore ait le bon sens de ne pas nous mettre dans une situation pareille, parce que je ne vois vraiment pas comment on va s'en tirer. »

 

Pour L'Honneur de la Reine
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